👉 Quand l’organisation ne suffit plus : repenser notre efficacitĂ© professionnelle
Le 2 octobre dernier, Delphine Sandrin nous a proposĂ© lors d’une visioconfĂ©rence une approche rĂ©volutionnaire de l’efficacitĂ© professionnelle. Loin des recettes toutes faites et des outils miracles, elle nous a invitĂ© Ă explorer les vĂ©ritables fondations sur lesquelles repose notre capacitĂ© Ă ĂŞtre efficace au quotidien.
Pour nous, assistantes et office managers, l’efficacitĂ© est au cĹ“ur de notre mĂ©tier. Nous jonglons quotidiennement entre les urgences, les prioritĂ©s multiples, les demandes contradictoires et les deadlines serrĂ©es. Nous sommes souvent considĂ©rĂ©es comme les garantes de l’efficacitĂ© de nos Ă©quipes et de nos managers. Mais qu’en est-il de la nĂ´tre ?
Delphine Sandrin nous rappelle une vĂ©ritĂ© essentielle : l’efficacitĂ© ne repose pas uniquement sur des mĂ©thodes et des outils. Elle s’appuie sur trois dimensions fondamentales qui, lorsqu’elles sont en synergie, dĂ©multiplient notre capacitĂ© d’action. En revanche, nĂ©gliger l’une d’elles revient Ă ruiner nos efforts sur les autres. DĂ©cryptage de ces trois piliers incontournables.
👉 La dimension organisationnelle : se réapproprier les méthodes et les outils
Commençons par le terrain le plus familier : l’organisation. C’est LA dimension que nous maĂ®trisons le mieux, celle sur laquelle nous avons Ă©tĂ© formĂ©es et qui fait partie intĂ©grante de notre ADN professionnel.
Les mĂ©thodes ne manquent pas : priorisation selon la matrice Eisenhower, planification hebdomadaire, technique Pomodoro pour fractionner le temps, time blocking pour protĂ©ger des plages de concentration… La liste est longue et chacune a ses mĂ©rites. Les outils Ă©galement se multiplient : Notion pour centraliser l’information, Trello pour visualiser les projets, sans oublier tous les outils d’automatisation qui promettent de nous faire gagner un temps prĂ©cieux.

Mais voilĂ le piège : nous accumulons les mĂ©thodes, nous testons tous les outils Ă la mode, nous suivons les conseils des gourous de la productivitĂ©… et nous finissons submergĂ©es par la complexitĂ© de nos propres systèmes d’organisation. Nous devenons esclaves de nos to-do lists plutĂ´t qu’actrices de notre efficacitĂ©.
Le message fort de Delphine Sandrin est lĂ : il faut se rĂ©approprier les mĂ©thodes et les outils. Cela signifie les adapter Ă notre contexte, Ă notre personnalitĂ©, Ă notre rythme de travail. Une mĂ©thode n’est efficace que si elle nous correspond vraiment. Inutile de forcer l’utilisation d’un outil parce qu’il est tendance si celui-ci ne fait pas sens pour nous. L’efficacitĂ© organisationnelle commence par la personnalisation.
Concrètement, cela implique de prendre le temps de tester, d’expĂ©rimenter, de garder ce qui fonctionne et d’abandonner sans culpabilitĂ© ce qui ne nous convient pas. Votre système d’organisation doit vous servir, pas vous asservir. Il doit ĂŞtre suffisamment simple pour ĂŞtre maintenu sans effort et suffisamment robuste pour rĂ©sister aux imprĂ©vus qui jalonnent nos journĂ©es.
👉La dimension émotionnelle : identifier les peurs qui sabotent notre efficacité
Voici la dimension la plus inconfortable, celle dont on parle peu dans les formations Ă l’efficacitĂ©. Et pourtant, c’est souvent elle qui fait toute la diffĂ©rence entre une assistante qui avance sereinement et une autre qui court après le temps malgrĂ© une organisation parfaite.
Nos émotions, et particulièrement nos peurs, ont un impact direct sur notre efficacité. Delphine Sandrin en identifie plusieurs qui nous parlent forcément :
La peur du conflit nous pousse à accepter toutes les demandes, même celles qui ne relèvent pas de nos missions ou qui arrivent au pire moment. Résultat ? Nous surchargeons notre planning et comprometteons la qualité de notre travail.
La peur de dĂ©cevoir nous enferme dans une quĂŞte d’approbation permanente. Nous multiplions les allers-retours pour valider le moindre dĂ©tail, nous hĂ©sitons Ă prendre des initiatives, nous perdons un temps prĂ©cieux Ă chercher la validation externe plutĂ´t qu’Ă faire confiance Ă notre expertise.
La peur d’Ă©chouer nous conduit tout droit vers le perfectionnisme. Nous passons trois heures sur une prĂ©sentation qui en nĂ©cessitait une, nous rĂ©visons dix fois un compte-rendu dĂ©jĂ impeccable, nous anticipons tous les scĂ©narios possibles jusqu’Ă l’Ă©puisement.
La peur d’ĂŞtre mal vue nous empĂŞche de poser nos limites, de dire non, de nĂ©gocier nos prioritĂ©s. Nous devenons la variable d’ajustement de toutes les urgences des autres.
La peur de l’inconnu gĂ©nère de la procrastination face aux nouveaux projets ou aux tâches complexes. Nous repoussons ce qui nous semble intimidant jusqu’Ă ce que l’urgence nous force Ă agir.
La peur de s’engager nous fait repousser les dĂ©cisions importantes, multiplier les options « au cas où », maintenir des stratĂ©gies d’Ă©vitement qui consomment notre Ă©nergie.
Le plus difficile ? Ces peurs ne viennent généralement pas seules. Nous en cumulons plusieurs, créant un cocktail qui sabote méthodiquement notre efficacité malgré toute notre bonne volonté organisationnelle.
Prendre conscience de ces mĂ©canismes Ă©motionnels est le premier pas vers un changement durable. Il ne s’agit pas de faire disparaĂ®tre ces peurs (elles font partie de l’expĂ©rience humaine), mais d’apprendre Ă les reconnaĂ®tre et Ă ne plus les laisser dicter nos actions. C’est un travail de fond, peut-ĂŞtre le plus important pour notre efficacitĂ© Ă long terme.
👉 La dimension corporelle : respecter notre énergie pour booster notre efficacité
Troisième pilier souvent nĂ©gligĂ© : notre corps et notre Ă©nergie. Nous fonctionnons comme si nous Ă©tions des machines capables de maintenir le mĂŞme niveau de performance tout au long de la journĂ©e, toute l’annĂ©e. Spoiler alert : nous ne sommes pas des machines.
Notre efficacitĂ© est intimement liĂ©e Ă notre niveau d’Ă©nergie. Une tâche qui nous prend 30 minutes en pleine forme peut nous en demander le double lorsque nous sommes fatiguĂ©es. La procrastination n’est parfois pas un problème de motivation ou d’organisation, mais simplement un signal que notre rĂ©servoir d’Ă©nergie est vide.
Delphine Sandrin nous invite Ă une prise de conscience double : qu’est-ce qui nous Ă©puise et qu’est-ce qui nous recharge ?

Les sources d’Ă©puisement varient selon les personnalitĂ©s : pour certaines, c’est la multitude d’interactions sociales ; pour d’autres, c’est le travail en solitaire prolongĂ©. Certaines tâches nous vident littĂ©ralement (ces fameux tableaux Excel interminables ou ces relances tĂ©lĂ©phoniques Ă rĂ©pĂ©tition), tandis que d’autres nous donnent de l’Ă©nergie (organiser un Ă©vĂ©nement, coordonner un projet transverse…).
Identifier nos sources de recharge est tout aussi crucial. Cela peut ĂŞtre une vraie pause dĂ©jeuner loin de l’Ă©cran, une courte marche, quelques minutes de mĂ©ditation, une conversation avec un collègue inspirant, ou simplement la satisfaction d’avoir cochĂ© une tâche complexe de notre liste.
Ensuite, il y a la question du chronotype. Nous ne sommes pas toutes des « lions », ces personnes matinales qui carburent dès 6h du matin et sont au maximum de leur efficacitĂ© avant midi. Certaines sont des « ours » (le chronotype le plus rĂ©pandu), d’autres des « loups » qui ne trouvent leur rythme qu’en fin de journĂ©e, ou encore des « dauphins » au sommeil lĂ©ger et Ă l’Ă©nergie fluctuante.
Le problème ? Notre société est construite pour les lions. Les réunions importantes sont programmées le matin, on attend de nous que nous soyons opérationnelles dès 9h, et travailler tard est souvent mieux perçu que de commencer tôt et finir tôt.
Respecter notre chronotype dans la mesure du possible (planifier nos tâches complexes pendant nos pics d’Ă©nergie, rĂ©server les tâches automatiques pour nos creux) peut transformer notre efficacitĂ©. Cela demande parfois de nĂ©gocier avec notre environnement professionnel, mais le jeu en vaut la chandelle.
👉 La synergie des trois dimensions : la clĂ© d’une efficacitĂ© durable
Le message essentiel de cette intervention ? Ces trois dimensions ne fonctionnent pas de manière isolĂ©e. Elles sont interconnectĂ©es et s’influencent mutuellement.
Une organisation impeccable ne compensera jamais un Ă©puisement Ă©motionnel ou physique. Ă€ l’inverse, toute l’Ă©nergie du monde ne remplacera pas un minimum de structure organisationnelle. Et gĂ©rer ses peurs sans prendre en compte son niveau d’Ă©nergie mènera inĂ©vitablement Ă l’Ă©chec.
La vraie efficacitĂ© naĂ®t de la synergie entre ces trois dimensions. C’est quand notre organisation respecte notre Ă©nergie, quand nous avons identifiĂ© nos peurs pour mieux les dĂ©jouer, et quand nous prenons soin de notre corps pour maintenir notre niveau d’Ă©nergie, que nous atteignons notre pleine efficacitĂ©.
NĂ©gliger l’une de ces dimensions revient Ă saboter tous nos efforts sur les autres. C’est comme construire une table Ă trois pieds en se concentrant uniquement sur la soliditĂ© d’un seul pied : la table finira par s’effondrer.

👉 Et maintenant, par où commencer ?
Face à ces trois dimensions, il est tentant de vouloir tout révolutionner en même temps. Mauvaise idée. Commencez par vous poser ces questions :
Sur quelle dimension avez-vous le plus travaillĂ© jusqu’Ă prĂ©sent ? (Probablement l’organisationnelle pour la plupart d’entre nous.)
Quelle dimension avez-vous le plus nĂ©gligĂ©e ? C’est par lĂ qu’il faut commencer.
Quelles peurs identifiez-vous dans votre quotidien professionnel ? Lesquelles impactent le plus votre efficacité ?
Qu’est-ce qui vous Ă©puise vraiment ? Qu’est-ce qui vous recharge ? Comment pourriez-vous intĂ©grer plus de ces moments ressourçants dans votre journĂ©e ?
L’efficacitĂ© n’est pas une destination, c’est un chemin. Un chemin qui demande de la conscience de soi, de l’expĂ©rimentation, et surtout de la bienveillance envers nous-mĂŞmes. Parce qu’ĂŞtre efficace, ce n’est pas faire toujours plus, c’est faire mieux avec ce que nous sommes.
Merci Ă Delphine Sandrin pour cette intervention qui nous rappelle que notre plus grand outil de travail, c’est nous-mĂŞmes. Et que cet outil mĂ©rite toute notre attention.
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