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Le billet de Josette | Une transmission reportée

Avec joie j’ai lancé quelques secrétaires/assistantes dans ce noble métier de formatrice mais, comme moi, ces personnes ne sont plus de la première jeunesse ! Alors, depuis quelques années, une phrase trottine dans ma tête : place aux jeunes ! Elle trottine tellement qu’en ce début d’année 2024 je me suis dit qu’il était grand temps de passer la main et d’appuyer la candidature de futures formatrices auprès de mes clients. J’ai bien rédigé formatrices car inexistants sont les hommes soucieux de transmettre la bonne parole et d’opter pour le métier de formateur en secrétariat/assistanat ! Je le regrette fortement mais c’est ainsi. 

J’ai donc mis un point d’honneur, afin d’être en paix avec ma conscience, à rencontrer une dizaine de femmes depuis le mois de février 2024. Je ne m’attarderai pas sur 3 énergumènes qui m’ont fait perdre mon sens de la répartie tant j’ai été sidérée. Et pourtant, celles et ceux qui me connaissent peuvent témoigner que rester silencieuse relève de l’utopie me concernant ! 

Tout semblait concourir à ce que les 7 autres deviennent des formatrices hors pair : des parcours fastueux, des CV éblouissants, des lettres de motivation percutantes, des présentations et tenues irréprochables, des phrasés enchanteurs, des techniques maîtrisées et un âge raisonnable (entre 36 et 51 ans). Ma décision finale est tombée : je n’ai retenu personne !

Vous pouvez penser que mon niveau d’exigences est trop élevé, que mes attentes quant au métier sont irréalistes, que je recherche le mouton à 5 pattes et que mon égo professionnel est tellement surdimensionné que personne ne pourra m’arriver à la cheville. Vous pouvez le penser mais sachez que j’ai une très haute idée de ma fonction et tout autant de mon ancien métier de secrétaire que j’ai quitté, à regret, comme chacun.e le sait. 

Sur l’air de l’interrogation Comment allez-vous… quand vous-même… ? voici quelques exemples qui ont motivé mes refus :

  • Comment allez-vous faire aimer un métier quand vous-même ne l’aimez pas ou ne l’aimez plus voire ne l’avez jamais aimé et l’avez subi contrainte et forcée ?
  • Comment allez-vous inoculer les valeurs essentielles de la profession quand vous-même ne les connaissez pas et, de surcroît, vous vous en moquez ? Pire : vous considérez qu’il n’y en a pas !
  • Comment allez-vous faire comprendre à un groupe que votre mission de transmission est d’importance quand vous-même n’y croyez pas tant le métier est décrié ?
  • Comment allez-vous faire passer le merveilleux verbe qu’est “servir” (servir une équipe, un manager…) quand vous-même considérez que vous n’êtes au service de personne ? Vous avez justement opté pour l’indépendance pour ne plus être sous les ordres de monsieur Machin ou de madame Truc et avez détesté l’incontournable “devoir rendre compte à la hiérarchie” !
  • Comment allez-vous enchanter des secrétaires/assistant·es désabusé·es et à bout de souffle quand vous-même êtes dégoûtée du métier et avez justement choisi de le quitter parce que vous en aviez ras le bol ?
  • Comment allez-vous passionner des stagiaires quand le mot passion ne fait pas ou plus partie de votre vocabulaire ? 
  • Comment allez-vous faire monter en puissance le/la petit·e employé·e quand vous-même ne vous intéressez qu’aux “grosses pointures(sic) de votre métier et dédaignez profondément celles et ceux que vous nommez les “sous-fifres administratifs(sic) ou “le petit personnel (sic) ?
  • Comment allez-vous convaincre votre groupe de stagiaires que le métier, certes en profonde mutation, est indispensable au bon fonctionnement des entités quand vous-même êtes persuadée qu’il va disparaître ?
  • Comment allez-vous faire admettre à un groupe qu’il faut se former tout au long de la vie alors que vous-même considérez tout savoir du métier et n’avez plus rien à apprendre tant vous étiez performante ? De plus vous avouez n’avoir pas de temps à consacrer à la remise à niveau de vos connaissances !
  • Comment allez-vous réagir face à une question dérangeante, voire hors contexte, d’un.e participant.e quand vous-même estimez que seul le programme du stage doit être dispensé et rien d’autre ?
  • Comment allez-vous redonner de l’espoir, du courage, de l’enthousiasme, de l’audace à un.e secrétaire/assistant.e paniqué.e quand vous-même jugez que tout est perdu car le métier est mort ?
  • Comment allez-vous convaincre vos stagiaires qu’ils/elles doivent s’intéresser à l’Intelligence Artificielle quand vous-même signalez que c’est un monstre artificiel(sic) et “l’abêtissement des foules (sic) ?
  • Comment allez-vous rester objective alors que vous-même pataugez dans la subjectivité, avez des idées toutes faites et ne changerez jamais d’avis ? 
  • Comment allez-vous faire briller votre métier de formatrice alors que vous-même l’envisagez comme un pis-aller en attendant le poste dont vous rêvez ? 

Être formatrice ne s’improvise pas et il en faut de l’humilité, de la persévérance, du courage, de l’enthousiasme et de l’empathie pour viser et atteindre une performance quotidienne. Certes il faut acquérir les techniques pédagogiques théoriques mais il faut surtout 

  • S’intéresser aux autres, à tous les autres, les respecter et les aimer sans distinction. J’insiste beaucoup sur le verbe aimer.
  • Être passionnée par son sujet et y croire dur comme fer.
  • Être déterminée à vouloir faire progresser chaque personne et peu importe le niveau.
  • Savoir se mettre en scène pour transmettre sa passion et faire vivre intensément chacune de ses interventions.
  • Posséder une éthique irréprochable et un code déontologique inébranlable.
  • Dispenser son savoir avec honnêteté, franchise et bienveillance.
  • Se remettre en question systématiquement pour faire toujours mieux.
  • Et, le plus important à mes yeux : donner toujours, encore et encore, le meilleur de soi-même. Aimer transmettre, aimer partager, aimer écouter, aimer surmonter les obstacles, ne jamais s’avouer vaincue, être déterminée et se fixer un objectif d’excellence. “Tout obstacle renforce la détermination. Celui qui s’est fixé un but n’en change pas.” Léonard de Vinci.

Bref c’est terminer une formation complétement épuisée mais avec la plénitude du devoir accompli. J’affirme que c’est une euphorie orgasmique ! En attendant de trouver cette formatrice (ou ce formateur – On peut rêver !) j’espère avoir la force pour exercer encore quelques temps ce métier qui m’apporte tant de bonheur. Et tant pis si je suis vieille ! Mes clients et mes stagiaires l’acceptent car la passion m’anime. 

Pour conclure :

« La valeur d’un Homme tient dans sa capacité à donner et non dans sa capacité à recevoir. »

Albert Einstein

Tout est dit !

Josette Dubost
Membre fondateur, expert métier FFMAS