“Tout paysan debout domine noble à genoux.”
Proverbe français

En janvier j’avais écrit “une fois n’est pas coutume”, eh bien ce sera deux fois voire trois puisque je commence ce billet par un proverbe et quel proverbe !

Décidément l’actualité ne me laisse pas une minute et modifie toutes mes prévisions de billets. Bouleversée j’étais devant ma télévision ce 25 janvier à écouter ce jeune agriculteur totalement désespéré dont le père s’était suicidé. Mourir à cause de son métier ! Que dis-je ? Se suicider à cause de sa passion et de son engagement de vie ! Comment est-ce possible ?

Alors, révoltée et indignée, j’ai foncé sur mon ordinateur pour rédiger ce court billet. Fidèle à mes principes et à l’éthique de la FFMAS je reste sagement sur le terrain administratif et n’émets aucune autre remarque. De plus politique et économie sont des thématiques pour lesquelles mes compétences sont négligeables mais sachez que mon opinion est bien tranchée !

“J’aime les paysans, ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers” a écrit Montesquieu. Comme il avait raison ! Le bon sens est ancré en eux et moi, la citadine pur jus, je suis comme Montesquieu : j’aime le monde paysan. Quel noble mot qui fleure bon notre pays et je suis admirative de ces paysans de la terre et de la mer. Ce mot regroupe tout ce dont la France est fière : l’agriculture, l’élevage, l’arboriculture, l’apiculture, la floriculture, l’horticulture, la viticulture… Dans mon élan euphorique j’y ajoute même la pèche, l’ostréiculture, la mytiliculture… ! Tous ces métiers qui nous nourrissent sont, pour moi, indissociables, forment un somptueux et magistral tout et notre peuple les respecte et les aime. À cet égard Daniel Webster avait raison “Lorsque le labourage commence, les autres arts suivent. Les fermiers, par conséquent, sont les fondateurs de la civilisation.”

Il en faut de la passion pour bosser 12 heures par jour (voire beaucoup plus !), 7 jours sur 7. Comme il faut l’aimer son métier pour sacrifier ses jours fériés, ses vacances, sa vie de famille, ses loisirs… Quant à faire les ponts, très recherchés par certain(e)s qui décortiquent le calendrier de l’année suivante avant même d’avoir terminé l’année en cours et pour qui la valeur travail n’a plus de sens, cela relève du domaine du fantasme !

Aussi ai-je décidé d’interpeller les chambres d’agriculture de la pèche et de l’aquaculture, la Coopération agricole, les 5 syndicats généralistes agricoles, le Comité national des pêches, tous les syndicats en vigueur dans notre pays… et leur soumettre l’idée développée dans mon billet de janvier. Je les invite d’ailleurs à le lire très attentivement [lien].

Qu’attendez-vous mesdames et messieurs pour faciliter la vie de vos adhérentes et de vos adhérents en mettant du personnel administratif à leur disposition ? Passer 2 heures par jour sur de la “paperasse” après s’être occupé des bêtes, des champs, des récoltes, de la pêche, de la vente… est aberrant. Si j’ai bien tout compris 10 à 15 minutes par jour étaient une durée tolérable et tolérée il y a 20 ans. Pourquoi ce chiffre s’est-il exagérément multiplié pour devenir inacceptable ? Qui “pond” toute cette bureaucratie ? À croire que ces individus sont restés au XIXe siècle et font un copier/coller du roman “Messieurs les ronds-de-cuir” de Georges Courteline ! Aussi j’invite ces “pondeuses et pondeurs” à exercer ces métiers vitaux pendant une semaine et ils comprendront : ils/elles ne seront pas épuisé(e)s, ils/elles seront broyé(e)s et ouvriront enfin les yeux sur les réalités quotidiennes de ces femmes et de ces hommes !

Par sa commission ESI (Entrepreneuriat Secrétariat Indépendant) pilotée magistralement par Carole Feuga et Ludovic Michel la FFMAS peut devenir votre interlocuteur privilégié [Plus d’info]. Le vivier des indépendant(e)s est bien présent et leurs tarifs sont loin d’être prohibitifs. Faites circuler l’info ! C’est un facteur de survie pour celles et ceux qui nous font vivre quotidiennement.

Marcel Jullian l’avait pourtant écrit “Les paysans font toujours les bons gestes”. Alors faites les bons gestes pour elles et pour eux !

Au fait :

“Toutes les idéologies politiques qui ont voulu modifier le monde paysan ont échoué parce que le monde agricole ne peut être géré par des théories, il est régi par la réalité.”

Olivier de Kersauson

Tout est dit !

Josette Dubost
Membre fondateur, expert métier FFMAS

Notes de la fédération :
Lorsque vous entendez un petit ou moyen exploitant qui exprime son désarroi face aux – trop – nombreuses contraintes administratives, pensez à lui parler de la FFMAS et de sa communauté Entrepreneuriat et secrétariat indépendant (ESI). Quelques heures peuvent suffire à une personne dont c’est le métier pour remplacer des heures supplémentaires et interminables de galère à un coût complètement maîtrisable. [Contact]