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Télétravailler… ou pas !

Les vacances ont été familiales, amicales, heureuses en un mot salvatrices. Vous voilà, ressourcé(e)s, joyeux(ses), détendu(e)s prêt(e)s à affronter l’océan de «merdouilles» de la rentrée 2020. Si j’utilise le mot merdouille c’est que je n’en vois pas d’autres pour qualifier ce qui nous attend : le virus circule toujours et notre situation économique est très tendue : stressante pour certains, anxiogène pour d’autres !

Nos idées s’entrechoquent, des désagréments surgissent, tout devient complexe et notre réflexion se brouille. Le nombre de personnes de mon entourage qui n’arrivent pas (ou plus) à se situer professionnellement stagne, voire va croissant. Certes, comme tout le monde, j’ai eu une période que je qualifie de floue mais la résilience est ancrée en moi : optimiste je suis, optimiste je reste : je suis persuadée que nous gagnerons.

Forte des commentaires, avis, digressions, états d’âme… exposés par de nombreuses personnes j’ai décidé, pour ce billet de rentrée, de fournir quelques pistes sur le télétravail. En effet les probants retours d’expériences ont conforté mon opinion :

travailler à distance ne s’improvise pas !

Si le télétravail ne nécessitait qu’un ordinateur et une bonne connexion wifi ce serait simple. Une fois bien ancrés les maîtres mots du télétravail confiance et respect (la confiance réciproque et savoir se respecter tout en respectant les autres) il convient de s’attarder sur une série d’habitudes et de gestion de soi à installer au fur et à mesure qu’on prend conscience de ce qui nous motive dans notre travail. Pour poser les bases individuelles du home office je m’adresse à tous les employés administratifs, secrétaires, assistant(e)s, office managers… qui hésitent à sauter le pas et/ou dont l’expérimentation du télétravail est encore incertaine pour en mesurer les effets et tirer des conclusions.

La première approche consiste à se poser 20 questions et de gravir l’escalier (rassurez-vous : il est petit), marche par marche, pour avancer dans son projet :

1ère marche : Faire le point sur le télétravail

(1) Qu’est-ce que le télétravail ? Cette question, absurde au premier abord, est pourtant d’importance. Par exemple savez-vous que c’est en 1950 que ce concept fit son apparition en Amérique par le mathématicien/cybernéticien Norbert Wiener. Ce dernier relate l’histoire d’un architecte qui supervisait à distance la construction d’un immeuble aux USA à l’aide de transmissions de données. Ce n’est qu’en 2002 que des millions de télétravailleurs sont recrutés en Europe. Vos recherches sur le net vous amèneront à découvrir des choses insoupçonnables !

(2) Connaissez-vous les accords signés et les règles édictées par votre structure professionnelle pour télétravailler ? Par exemple certaines entreprises mettent des espaces de coworking à la disposition de leurs salariés. De plus, prendre connaissance de l’étude d’impact du télétravail, réalisée par votre structure pour chaque équipe, peut apporter des réponses aux multiples questions que vous vous posez.

(3) Avez-vous listé les avantages (adieu les transports…), les inconvénients (isolement…) et les risques psychosociaux du télétravail (angoisse…) pour y faire face ? Par exemple les risques psychosociaux méritent toute votre attention et peuvent engendrer des comportements fragilisants : incapacité à fixer un horaire auquel s’arrêter de travailler, suppression des pauses, tensions avec ses proches sur le fait de travailler à la maison sans être pour autant disponible, peur d’avouer sa surcharge de travail, difficulté à contrôler certains comportements addictifs (excès alimentaire, jeux…)… Ces situations ne sont pas anecdotiques et doivent être prises très au sérieux.

2ème marche : Faire le point sur votre fonction 

(4) Connaissez-vous les objectifs à court, moyen et long termes de votre fonction et quel sens donnez-vous à votre travail ? A cet égard un descriptif de fonction clair et actualisé est l’outil incontournable pour pouvoir vous projeter. Quant au sens je n’utiliserai qu’un seul mot pour le décrire : plaisir !

(5) Etes-vous parfaitement en phase avec les enjeux liés à votre fonction ? Etes-vous capable de lister, factuellement, vos activités «télétravaillables» (je sais : ce mot n’existe pas mais c’est clair pour tout le monde  !) des activités qui nécessitent votre impérative présence au bureau ? Pour y voir plus clair je préconise la réalisation d’une grille d’analyse. J’y reviendrai dans un autre billet.

(6) Disposez-vous d’une feuille de route à jour ? Document physique ou virtuel, il décrit de manière plus ou moins détaillée le ou les buts à atteindre. La feuille de route propose généralement le recensement des moyens, la ou les cibles, les principes à suivre, les valeurs à respecter, la priorité des tâches, ainsi qu’un calendrier pour atteindre les objectifs.

(7) Savez-vous évaluer vos performances sur les attendus et savez-vous comment vos résultats seront mesurés ? Fixer les règles du jeu du télétravail à l’avance, dans chaque équipe pour que tout le monde en tire parti, est une clé de réussite. Personne n’est pris au dépourvu.

(8) Avez-vous cerné vos activités essentielles de vos activités accessoires pour vous concentrer sur les vraies priorités ? Excellente occasion pour supprimer l’inutile !

(9) Sur quel réseau de support et de motivation pouvez-vous vous appuyer ? Comment pallier rapidement un problème informatique par exemple ? Il convient donc de définir précisément quels types de difficultés vous êtes susceptible de rencontrer et de lister les personnes sur lesquelles vous pouvez vous appuyer pour y faire face.

(10) Quid de vos collègues, de votre équipe, de votre manager… ? Comment allez-vous conserver le lien ? Tout comme votre manager il vous appartient de cultiver l’esprit d’équipe par le partage des résultats par exemple. Et puis… un coup de fil c’est un coup de cœur ! Pensez-y !

3ème marche : Faire le point sur vous-même 

(11) Etes-vous fait(e) pour le home office (agilité, rigueur, discipline, autonomie…) et avez-vous clarifié vos objectifs personnels : pérennité ou flexibilité du télétravail ? «Connais-toi toi-même». Merci Socrate !

(12) Pouvez-vous capitaliser vos bonnes pratiques lors de votre précédente expérience de télétravail pendant de confinement ? Certes vous avez rencontré des déboires mais vous avez aussi engrangé de belles réussites : listez les deux et dressez un bilan exhaustif.

(13) Votre environnement et votre mobilier sont-ils adaptés à un télétravail productif ? L’ordinateur sur la table de la cuisine… cela va un temps ! Méfiez-vous de la perméabilité entre vos deux univers professionnel et personnel.

(14) Votre famille est-elle télétravail compatible ? Excellente question n’est-ce pas ? Vous êtes le(la) seul(e) à pouvoir y répondre.

(15) Possédez-vous le matériel informatique et la connexion adéquats ? Ce point, d’importance capitale, est à clarifier impérativement avec votre employeur.

(16) Avez-vous mesuré vos performances bureautiques/informatiques/télématiques ? Pensez aux certifications.

(17) Pouvez-vous faire face en cas d’un éventuel relâchement dans la cybersécurité ? Même remarque que le point 15.

(18) Comment allez-vous gérer votre temps pour rester concentré(e) ? Appliquez les «4 P» : penser, prévoir, préparer, planifier. J’insiste lourdement sur planifier.

(19) Quelle organisation quotidienne allez-vous mettre en place ? Sans organisation préalable tout va de travers. Allez plus loin avec l’organisation hebdomadaire, l’organisation mensuelle… Si vous ne vous organisez pas vous allez devoir appliquer les «4 R» : reprendre, résoudre, refaire et ronchonner !

(20) Et votre énergie ? Qu’envisagez-vous pour vous ressourcer ? Il n’y a pas de honte à être un brin égoïste !

Répondre honnêtement à ces 20 questions va déjà dégager votre horizon. J’ai bien spécifié que c’était une première approche. Cela signifie qu’il faudra approfondir votre réflexion d’une part et que vous aurez le droit de changer d’avis d’autre part.  

Il vous appartient de choisir votre propre chemin, de bâtir vos manières d’agir, d’expérimenter de nouvelles pistes, d’envisager d’autres solutions, de vivre cette transition virtuelle au mieux de vos intérêts individuels et des intérêts collectifs et de conserver votre libre arbitre de choisir, ou non, le télétravail.

Pas de billet sans citation. Celle-ci est de circonstance et nous interpelle fortement.

«Je ne suis pas responsable de ce qu’on m’a fait mais je suis responsable de ce que j’en fais»

Boris Cyrulnik

Tout est dit !

Josette Dubost
Membre fondateur – Expert métier FFMAS