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Je suis assistante commerciale export…KEZACO ??

Par Laëtitia TESSIER

C’est une des nombreuses déclinaisons des métiers de support à l’action managériale.

Qu’on se le dise : je ne fais ni le café ni les photocopies – à part les miens et ceux des gens que j’aime bien – je n’organise pas l’emploi du temps de mon boss et je ne rédige pas ses courriers, mais il m’arrive de prendre ses appels et de répondre à des mails à sa place, avec son accord, bien sûr.

 « Mais de quoi parle-t-elle ? » me direz-vous…allons, vous savez bien…

On ne va pas se mentir : les métiers de l’assistanat ont mauvaise presse. Aucun enfant ne se lève un beau matin en criant « Maman, tu sais quoi ? Plus tard, je serai assistant-e ! » surtout si cet enfant est un garçon. Vous n’y pensez pas ! Mon fils exercer un métier de nanas qui n’ont pas su quoi faire d’autre de leur vie ? Horreur ! Malheur !  D’ailleurs, les employeurs ne prennent même plus la peine d’utiliser l’écriture inclusive lors de la rédaction d’une annonce : ils sont à la recherche d’une assistante – le plus souvent dotée d’une excellente présentation et d’une bonne résistance au stress (en clair : Sois belle et tais-toi) – car les hommes ne peuvent pas s’abaisser à ce bon vieux métier de dactylo. Et puis « ce n’est que de l’administratif, c’est chiant et on s’en fout », comme à la maison…me trompe-je ?

Nos métiers ont mauvaise presse parce que victime d’une mode d’un autre temps mais aussi et surtout parce que méconnus. Or c’est bien connu, l’inconnu ça rend tendu.

(Au fait, moi non plus « l’administratif » ne me fait pas vibrer…)

Du coup, être assistant-e commercial-e export, c’est quoi ?

Au quotidien, je seconde un ou plusieurs commerciaux.

Je peux intervenir sur la prospection en étudiant les contraintes à l’export, leur délai, leur coût, les moyens nécessaires à leur mise en œuvre.

Je matérialise le fruit de la prospection des commerciaux en transformant un devis en commande dans le respect des exigences et contraintes internes et externes, des règles liées au commerce international (Incoterm, moyens de paiement internationaux…), des exigences légales européennes…entre autres.

Je mets les produits en conformité avec les exigences pays (mentions légales, respect des normes d’emballage…), je fournis les documents nécessaires à l’exportation et au dédouanement sur place (certificat d’origine, packing list – oui on aime beaucoup les anglicismes dans ce métier-…).

Je coordonne l’ensemble des acteurs impliqués dans le processus de mise à disposition de la commande afin de contribuer à la satisfaction et à la fidélisation de nos clients.

Si je ne suis pas rapide, efficace, serviable, souriante, ferme quand il le faut, souple quand il le faut, si je ne sais pas entretenir de bonnes relations avec mes contacts, si je ne suis pas suffisamment vigilante, informée des dernières évolutions de marché (avez-vous entendu parler de l’embargo US contre Huawei ?) , si je ne sais pas anticiper…d’autres vendront le même produit au même client mais avec un meilleur service, ruinant ainsi l’effort de prospection du commercial qui m’a confié la matérialisation de sa commande. Pression ? Non ! Challenge.

Ce métier se décline selon le secteur d’activité et la taille de l’entreprise. Les missions seront plus variées dans une petite structure, plus hiérarchisées dans une grande société.

Je travaille actuellement dans une petite structure au sein de laquelle je gère également les achats que je matérialise en marchandises disponibles à l’enlèvement. Et vous pouvez me croire, gérer les entrées d’un produit phytosanitaire, vivant et dangereux pour la santé, ce n’est pas plus une mince affaire que de l’exporter dans le respect des barrières douanières de chaque pays de ce monde !

Toujours est-il qu’au sein de cette entreprise, je maîtrise l’ensemble du périmètre de la commande, de l’achat à la facturation. Et je contribue à la qualité du service client dans ce milieu hyper concurrentiel qu’est le négoce de grands crus à Bordeaux.

Un maillon actif de la relation client

Alors en effet, je n’achète pas, je ne vends pas mais je suis un maillon actif du service client dont je m’efforce d’assurer la qualité dans le respect de la politique commerciale de mon employeur et de nos fournisseurs. Je « fais de l’administratif » en fournissant des documents export à mes clients pour leur permettre de dédouaner sur place, puis mettre en marché, puis vendre et enfin nous payer. Je suis à l’affût de la veille documentaire de chaque pays vers lequel j’exporte, des règles de circulation des produits soumis à accises sur le territoire européen. Je maîtrise des barbarismes tels qu’Incoterm, credoc, airwaybill, OEA, FDA, ANEXO IX. Je sais ce qu’est un DAE et dans quelles circonstances l’émettre, à quoi ressemble un EUR-1 et quand le remplacer par la mention « exportateur agréé ». Je connais la procédure PABLO, les achats en franchise de TVA, comment exporter vers  une ambassade étrangère en France et livrer une ambassade française à l’étranger. J’ai même appris la règle pour livrer du vin sur un bateau battant pavillon d’une nationalité, dont le capitaine serait d’une autre nationalité (mais je l’ai oubliée)…et tant d’autres réjouissances encore car j’ai la chance d’exercer un métier riche et sans routine.

Autant de termes administratifs que certains de mes employeurs ignorent. Loin de moi l’idée de le leur reprocher, chacun son job après tout, moi je ne sais toujours pas calculer une marge (mais je m’y atèle). Sauf quand cette lacune conduit à des erreurs de recrutement, à un manque de valorisation du poste, salariale comme professionnelle. Car oui nous pouvons évoluer si nous le souhaitons, de manière transverse ou purement hiérarchique et nous pouvons même proposer nos services en tant qu’indépendant-e-s. Mais avant tout, nous pouvons être un véritable support à l’action managériale, un bras droit quoi.

Je suis assistante commerciale export, fière d’assister des commerciaux, passionnée par mon métier et ravie de le représenter à travers la FFMAS. Après 20 ans d’activité, je me réjouis de continuer à en découvrir de nouvelles facettes et je serai toujours disponible pour vous en parler (il faudra juste savoir m’arrêter).

Laëtitia Tessier

Laëtitia TESSIER

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