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Le billet de Josette | Les générations quelle Histoire !

Dans mon billet d’aération du 3 juin 2020 [Lire le billet] j’ai rédigé : ne demandez pas à la génération Z d’avoir les mêmes motivations qu’un baby-boomer. Leurs perceptions sont très différentes. Lors de mes formations tutorales j’ai vraiment pris conscience qu’il fallait faire le point sur cette histoire de générations et j’en veux pour preuve le témoignage d’une de mes stagiaires. J’ai rencontré Françoise en ce début d’année et elle a accepté de me livrer le vécu de sa première expérience tutorale.

Françoise, 52 ans, assistante du Président d’une multinationale témoigne de son désarroi face à une jeune en BTS SAM.

“Mon engagement dans mon métier est puissant aussi ai-je pensé être capable de le transmettre. J’ai opté pour une jeune fille en première année de BTS SAM. Je souhaitais aussi me remémorer, avec plaisir, mes débuts de carrière et aider une junior.

J’avais soigneusement préparé cette venue aussi bien sur les aspects professionnels que relationnels et conviviaux. Grande fut ma surprise de voir arriver Solène avec 1 h 15 de retard prétextant qu’elle s’était couchée tard et n’avait pas entendu son réveil ! Cheveux multicolores embroussaillés, tenue vestimentaire “particulière”, piercing dans le nez et mordant à la bouche ! “B’jour ! J’me mets où ?”.

C’est à cet instant précis que j’ai compris mes deux erreurs : je n’avais pas choisi ma candidate et je n’avais suivi aucune formation spécifique à la fonction tutorale pensant, à tort, que mes compétences et mon professionnalisme suffiraient ! Je me trouvais confrontée à cette fameuse génération Z aux comportements et aux attitudes tellement éloignés de moi que j’étais complètement décontenancée.

J’ai été déroutée par Solène : elle faisait voler les codes et bousculaient mes habitudes. Le fossé générationnel me paraissait infranchissable. En revanche elle faisait preuve d’une agilité d’esprit qui la rendait très réactive et proactive. Son esprit de synthèse m’étourdissait tant elle allait à l’essentiel sans s’encombrer de ce qu’elle nommait “des fioritures inutiles”.

Indisposé par son aspect physique, le Président refusait de la voir. Cela ne gênait en rien Solène totalement indifférente à son opinion. “Il s’habituera et je suis comme je suis” me disait-elle !

Nous avons passé deux ans ensemble. Elle a obtenu son BTS haut la main. Son look a évolué vers plus de conformité “assistanat” et elle a gardé son piercing. Sa rigueur et son vif esprit l’ont rendue très professionnelle et son langage est moins “punching-ball”.

J’ai souffert. Je me suis adaptée à son impatience, à ses besoins de diversité et de validation fréquente. J’ai grandi. Mon prisme a évolué. J’ai éliminé quelques habitudes obsolètes. Grâce à elle je suis devenue très performante en numérique. J’ai suivi une formation tutorale et… ai repris une nouvelle stagiaire. Au fait… Le Président s’est habitué !”.

Quand j’ai recueilli ces propos j’ai immédiatement pensé à Oscar Wilde et Georges Feydeau qui avaient tout résumé : “La nouvelle génération est épouvantable. J’aimerais tellement en faire partie ! et “La jeune génération est très inférieure à la nôtre… Tout de même, si je pouvais en faire partie”. Me voyant rire Françoise s’est demandé pourquoi. Après explications nous sommes convenues que ces grands écrivains avaient visé juste et avons ri ensemble !

Mes deux constats

1/ – Être tuteur ne s’improvise pas ! Il y a un état d’esprit, des postures, des aspects légaux, des règles, des process, des méthodes, des compétences bien spécifiques à appréhender. Si vous envisagez l’accompagnement d’un(e) jeune dans son éclosion professionnelle je vous engage vivement à :

  • Suivre une formation tutorale. 2 jours de stage ce n’est pas grand-chose au regard du considérable enjeu que sont vos réussites respectives. Je vous garantis que vous vivrez très mal l’échec de votre tutoré(e) !
  • Lire le référentiel du diplôme visé. Certes c’est rébarbatif et vous vous en rendrez compte en ouvrant ce lien relatif au BTS SAM. 90 pages qui méritent d’être consultées pour comprendre les attendus donc bien définir vos objectifs tutoraux.
  • Choisir votre stagiaire. Autant vous faire plaisir dès le début puisque vous allez côtoyer ce junior pendant 2 ans.
  • Prendre et rester en contact permanent avec le référent pédagogique de l’école. J’ai toujours été surprise d’entendre la réaction de certains référents “Les tuteurs qui échangent avec moi sont rares, très rares” ! Avouez qu’il y a de quoi s’étonner. Comment être en conformité avec le référentiel et les activités confiées aux apprenants sans ces échanges capitaux, productifs et réguliers ?

L’obligation de devenir tuteur n’existe pas et vous pouvez refuser cette mission si vous pensez ne pas pouvoir l’accomplir ou si vous n’avez pas le temps ou si vos compétences ne sont pas à la hauteur des exigences requises. En revanche si vous l’acceptez elle vous contraint à certains devoirs et j’étaye mon propos avec ce proverbe chinois S’il n’est pas soutenu par un tuteur, le jeune arbre se courbe facilement.

2°/ – Les générations ne se comprennent pas professionnellement et perdent du temps à trouver le bon chemin, la bonne parole et la bonne posture qui les mènera rapidement l’une vers l’autre d’où ce billet. À cet égard je m’interroge quant à cet aspect : les professeur.e.s de l’éducation nationale abordent-t-ils/elles ce sujet pendant leurs cours ? Cela fait peut-être partie des cours de civisme mais… je m’égare !

Passons d’abord en revue les différentes générations :

  • Génération silencieuse nommée aussi les builders (née entre 1901 et 1944).
  • Génération des baby-boomers (née entre 1945 et 1960). Je la nomme la génération chanceuse : plein emploi, sida inexistant, adepte du flower power et du peace and love…
  • Génération X (née entre 1961 et 1979).
  • Génération Y appelée milléniale (née entre 1980 et 1994).
  • Génération Z (née en 1995 – 2009). À noter que les Y et les Z sont nommés les digital natives, les enfants du numérique.
  • Génération alpha (née en 2010 – 2024).
  • Après nous verrons ce que “pondent les chercheurs en sciences sociales et les spécialistes du marketing. Bêta, deuxième lettre de l’alphabet grec, serait justifiée mais reconnaissez que cela sonnerait mal !

Chaque génération a ses avantages, ses inconvénients, ses atouts, ses faiblesses, ses marqueurs, ses modes de fonctionnement et je ne peux qu’applaudir Charles Péguy pour cette citation “C’est un insupportable abus de l’autorité paternelle que de vouloir imposer aux générations neuves les radotages des générations vieillies que nous sommes”. Si certains principes doivent, à mon sens, être précieusement conservés, telle la politesse, d’autres sont périmés. Par exemple pourquoi s’accrocher à un mode de fonctionnement administratif suranné alors que la technologie nous simplifie la vie ? Faites sauter les carcans comme Coco Chanel a fait sauter les corsets.

Le tableau récapitulatif ci-dessous, recueilli sur Hubspot.fr, présente des points de comparaison intéressants.

Quant au tableau ci-dessous relevé sur Journalducm.com il renseigne sur les aspects positifs et négatifs des générations X, Y et Z.

À cet égard je me demande vraiment ce que la génération Alpha nous réserve ! Je m’autorise une remarque personnelle : nombreux sont les jeunes à avoir des dizaines d’“ami(e)s” virtuel(le)s sur leurs différentes applications mais déjeunent seul(e)s au self ! Alors quid de cette génération screenagers” ? Mobilisons-nous pour transmettre les bonnes pratiques des vraies relations.

Génération silencieuse et Génération des baby-boomers

La première a vécu 2 guerre, s’est ruiné la santé au travail, s’est imposé des règles insensées et a, trop souvent à mon goût, courbé l’échine. Fortement imprégnée d’une éducation rigide et austère elle a gardé le silence d’où son nom.

Je fais partie des baby-boomers. J’avais 14 ans et je me revoie, assise sur la banquette recouverte de moleskine rouge dans le couloir qui menait au bureau de ma mère. La porte de son bureau était ouverte ainsi que la porte qui menait au bureau du Président. Ainsi elle pouvait me “surveiller et moi l’observer attentivement. Je venais souvent la chercher pour que nous fassions quelques agréables courses entre mère/fille. Ces moments privilégiés me nourrissaient, sans que j’en ai conscience, d’indicateurs pour mon futur métier. Droite, digne, imperturbable, elle tournait précautionneusement et rapidement les pages du parapheur du Président pour qu’il appose sa signature. À certains moment il faisait une remarque et ma mère notait, silencieuse et soumise.

J’ignorais à cette époque que j’allais exercer la même fonction qu’elle. Aussi, quand j’ai annoncé, des années plus tard, que je ne tournais pas les pages du parapheur, que j’avais autre chose à faire et que mon Président tournait les pages lui-même, ma tendre maman en a été sidérée. Je ne vous raconte pas les commentaires fielleux et dévastateurs de sa mère, donc ma grand-mère, ayant tenu une fonction identique. J’ai entendu cette phrase qui résonne encore en moi “C’est un manque total de respect et tu déshonores ton métier ! Mai 68 était passé par là et je ne plaçais pas du tout les concepts de respect et d’honneur au même niveau qu’elles ! J’ai expliqué, argumenté, décortiqué mon travail pour qu’elles comprennent bien que le Président ne me payait pas, chèrement d’ailleurs, pour effectuer ce genre de chose totalement absurde. De plus il ne le demandait pas ! J’ai mis beaucoup de temps à les convaincre et y suis parvenue.

Autre anecdote personnelle : J’imagine aisément la tête et les remarques de ma grand-mère entendant “Boom, parue en 1938, de Charles Trenet que sa fille, donc ma mère, adorait. Ma mémé écoutait religieusement “Le temps des cerises de Jean-Baptiste Clément et Antoine Renard et elle était complètement dépassée par ce “Fou chantant. Encore plus dépassée a-t-elle été avec mes “Yéyés qu’elle nommait “Des chansons de cinglés ! Forte de cette expérience familiale je me garde bien de critiquer tel chanteur ou telle chanteuse actuels et m’impose un silence, certes contraint, mais adéquat quand je n’aime pas et m’attache à me faire expliquer ! Il faut de tout pour faire un monde n’est-ce pas ? Je reconnais, très sincèrement, que rares sont les explications convaincantes et je reste bien souvent sur mes positions mais je fais l’effort de comprendre et c’est ce qui est important !

Générations X, Y et Z

Jean Lefebvre est docteur en Sciences humaines, fondateur de curieuse-agence.com et son blog jechangedecap.com recèle des pépites. J’en ai relevé une : cet excellent article d’Émmanuelle Duez, fondatrice de thebosproject.com . Je vous le livre intégralement. car il est éclairant et le rédactionnel “punchi est tellement dans l’air du temps.

“On nous a bassiné avec la génération Y : génération chochotte (USA), génération poule mouillée (All), génération me me me (UK), génération d’agneaux (Japon… WTF ?). On a tout dit d’eux, tout et souvent n’importe quoi. On a parfois oublié de prendre un peu de recul, de regarder ce phénomène générationnel sous un autre angle qu’à travers des lunettes de rédacteurs aigris de… ne plus être jeune !

On a oublié de voir combien cette jeunesse aux aspirations et comportements louches était surtout symptomatique d’un monde qui change. Génération quoi quoi quoi, mais surtout génération première fois : première génération mondiale, prochaine grande génération – 50 % de la population mondiale a moins de 30 ans – première génération postmoderne, première génération issue de cette 3ème révolution anthropologique majeure de l’histoire de l’humanité qu’est le numérique. En bref, une génération massive et globalisée, qui arrive dans un monde à réinventer, avec un pouvoir fantastique entre ses mains. Voilà, c’est peut être ça, la génération Y. Un momentum, un contexte, une mission, un pouvoir.

Une génération de Y, “pourris gâtés”

Immergé dans l’entreprise, le sujet Y a des réactions bizarres, réactions qui ont fait couler beaucoup d’encre et occupé beaucoup d’espaces sur la toile. En effet, qu’est-ce donc que cette bande de “pourris gâtés que l’on a trop aimés, ces petits jeunes qui se vantent de faire leur “job-out” après 6 mois de CDI, les autres qui débranchent la prise une fois au chaud dans l’entreprise, parce qu’ils ont fait “le tour du sujet”, parce que “la boite est trop rigide, trop inerte, trop processessée”, parce que “le management ne les fait pas rêver”, parce que “tout ça n’a aucun sens, finalement”. Sacrebleu, de quoi se plaignent-ils ? À leur âge on restait, on était loyaux, on était redevable, on était respectueux, on mesurait sa chance. Eh oui… mais les temps ont changé. Le pourquoi prime désormais sur le comment, l’exemplarité sur le statutaire, la flexibilité sur le confort et l’ambition de s’épanouir sur celle de réussir.

Cette jeune génération sait pertinemment que personne ne l’attend. Elle sait que l’entreprise ne pourra pas lui offrir ce qu’elle avait promis à ses parents : le confort psychologique et matériel de se projeter sur le long terme. Bébé de la précarité, elle sait qu’elle devra apprendre à rebondir plutôt qu’à approfondir. L’ambition professionnelle a changé. Plutôt qu’aller haut et vite“ j’irai à coté, je cumulerai les expériences de vie aussi différentes soient-elles, pourvu que je “kiffe” intensément, je construirai un chemin de ces boules multicolores et en ferai une histoire qui aura du sens : le mien. Je serai entrepreneur de ma vie professionnelle”

Et voici que débarquent les Z !

Voici pour les Y. À peine commence-t-on à les comprendre, à les regarder à travers des lunettes roses pour ce qu’ils sont vraiment : une génération symptomatique d’un changement de monde qui la dépasse bien largement ; que débarquent les Z. Oh My God, cela ne s’arrêtera donc jamais. Les Z, nés après 1995, sont ces énergumènes qui essaient de faire bouger les images des journaux papier avec leurs index. Ils représentent un espoir pour tous ces chefs d’entreprises aujourd’hui au bord de la crise de nerfs. “Vivement que les Z arrivent, qu’ils viennent terrasser les Y”. Que nenni. Voici une mauvaise nouvelle à tous ceux qui serrent les dents depuis 10 ans : le Z est une amplification du Y. Et ce, dans la vie comme dans l’entreprise. Une enquête auprès de plus de 3.000 jeunes de moins de 20 ans révèlent ses surprises…

L’entreprise pour toi ? Elle est “dure”, “cruelle”, et c’est une “jungle”. Voilà pour l’héritage légué par une génération de parents quadra qui a entretenu avec son travail et avec l’entreprise une relation sacrificielle. Vivre pour les week-ends, les vacances, les RTT et la retraite, ça ne se dit pas, c’est politiquement incorrect mais c’est tout de même la réalité de millions de Français. De quoi dégoûter une jeune génération qui, en plus, n’aura pas les mêmes opportunités que ses aînés. Dans ce sombre tableau, une lueur d’espoir : que veux-tu faire plus tard ? Entrepreneur, pour plus de 50 % d’entre eux. Quelle belle revalorisation de l’acte d’entreprendre. Mais ne nous leurrons pas, de la même façon que pour les Y, ces prétendants à l’entrepreneuriat ne feront pas tous le grand pas. Alors ça veut dire quoi, être entrepreneur ?

Pour plus de 50 %, il s’agit en réalité “d’être son propre patron”. Et ils sont loin d’être à côté de la plaque, ces Z… Se projetant ainsi, ils s’inscrivent dans une tendance lourde observée ces dernières années. Avant, c’était l’entreprise qui faisait l’honneur à un collaborateur de lui donner un travail. Puis les Y sont arrivés sur leurs grands chevaux, avec une externalisation de leur cerveau dans leur poche de jean et cette quête de sens chevillée au corps. Le rapport de collaboration s’est substitué au sacrosaint rapport de subordination, et le futur collaborateur s’inscrit désormais dans une relation donnant/donnant : “montre-moi un peu ce que tu peux me donner, je te dirai si je veux m’engager”. Les Z transforment l’essai : ce seront eux qui, demain, feront l’honneur à une ou plusieurs entreprises de mettre à disposition leurs talents et leurs compétences. Changement de paradigme. Ils deviennent leurs propres centres d’emploi. Pour la 1ère fois, le nombre de freelance aux USA est supérieur au nombre de CDI…

Les Z s’inscrivent donc, en entreprise, dans la lignée de leurs grands frères et sœurs. Vous pouvez desserrer les dents, ce n’est pas un orage, c’est peut-être simplement le sens de l’histoire. Il va résolument falloir s’y faire. D’autant plus que l’invaZion ne se cantonnera pas aux portes de l’entreprise. Non non non, elle contaminera l’école également. Cette jeune génération est très consciente du fait qu’elle exercera, en moyenne, 13 métiers différents dans sa vie. D’ailleurs, à la question “tu feras combien de jobs ?”, elle répond souvent “l’infini”. Elle sait également qu’une grande partie des métiers qui existeront dans 5 ans, n’existent pas encore. Alors, pragmatique, lucide, elle remet en cause l’école comme tampon indélébile qui marque à vie une expertise, dans un monde régi par l’obsolescence des compétences, où il faudra sans cesse se re-updater. De qui apprendras-tu demain ? De moi-même, en premier lieu. De l’entreprise, dans un second temps. Ou de l’école, à seulement 7 %.

Si la génération Y est entrepreneur de sa vie professionnelle, la génération Z est et sera entrepreneur de sa formation.

La mutatYon est en marche. L’invaZion est en cours. RespireZ !”.

Alors… Comment résoudre un conflit intergénérationnel en entreprise ?

Analysons rapidement les sources des conflits et tentons d’apporter des solutions aux 4 générations qui se côtoient actuellement dans le monde du travail.

La hiérarchie

Assidu et loyal envers son employeur le baby-boomer était considéré comme un collaborateur précieux pour l’entreprise. Il gravissait les échelons hiérarchiques dans le temps, avait une approche de la hiérarchie très pyramidale et autocratique et s’installait, pour toute sa vie professionnelle, dans le confort -pas toujours douillet- d’une entreprise voire, pour certain(e)s, d’un service, d’une direction… Les formations n’existaient pas et la transmission s’effectuait de bouches à oreilles. Les boomers écoutaient les anciens et faisaient ce qu’on leur disaient de faire. En résumé ils ne la ramenaient pas ! Quand le directeur arrivait, tout le monde était au garde-à-vous ! Il n’était pas question de discuter une consigne encore moins un ordre. Tout le monde aura compris que je patauge dans les généralités. En effet des “Josette” existaient déjà et osaient exprimer leurs opinions !

Les Z sont impatients et vont à l’essentiel. Leur esprit très mobile les amène à changer souvent de fonction, de poste, d’entreprise. Ils ont bien compris que monsieur Machin supervisait Madame Trucmuche mais discutent quand une consigne leur semble aberrante et sont capables de débouler dans le bureau de monsieur Machin pour exposer leur point de vue. Transgression de la hiérarchie ! Quelle horreur ! La phrase “C’est moi le/la chef(fe) et tu fais ce que je te dis les amuse donc beaucoup. En effet, dans leur esprit, il faut aller vite alors pourquoi s’encombrer de strates inutiles ?

Mon commentaire : Et si nous mettions vraiment en place un style d’organisation opérationnel et que nous appliquions la DPO (Direction Par Objectif) ? Notre vie professionnelle serait simplifiée et travailler en mode projet n’a jamais tué personne !

Le rapport au temps

Il est vécu de manière différente selon les générations. Les aînés s’attachent à effectuer une tâche avec la plus grande attention et y mettent, en continu, toute leur ardeur. Les nouvelles générations zappent. Ils sont adeptes de flexibilité et fragmentent leurs actions : ils bossent, naviguent sur les réseaux sociaux, reprennent leur travail, lisent leurs messages, se reconcentrent sur leur tâche, passent un coup de fil et finalisent leur travail.

Mon commentaire : si le travail est bien fait et si l’objectif est atteint il est donc inutile de fustiger les juniors ! Dans le cas contraire… expliquez clairement, et dès le départ, les attendus.

Le besoin d’être reconnu(e)

Les jeunes, adeptes d’Internet et des réseaux sociaux depuis leur plus jeune âge, sont friands de la reconnaissance de leur manager. Alors que les anciens considèrent le silence comme un signe d’approbation, la jeune génération a besoin de feedbacks, positifs ou négatifs, sur son travail. Les baby-boomers ont cependant besoin d’une autre forme de reconnaissance : être sollicité(e)s pour partager leur expérience et transmettre leurs connaissances.

Mon commentaire : J’apprécie les signes de reconnaissance et j’aime que l’on me dise que mon travail est bien fait ! Vous êtes comme moi alors… exprimez-le ! Si cela va sans dire, cela ira encore mieux en le disant Tayllerand.

L’entreprise

La fidélité à l’entreprise fait loi pour les seniors. Moins attachés à leur entreprise, les jeunes actifs la perçoivent différemment et sont plus intransigeants. Ils n’hésitent pas à quitter leur poste s’ils ne sont pas en accord avec ses valeurs, sa politique ou sa vision.

Mon commentaire : Quand un fossé trop grand sépare deux générations, il y a toujours une génération qui se retrouve au fond du fossé Normand Rousseau. J’entends de-ci de-là des seniors se plaindre de l’augmentation de leur charge de travail. C’est donc eux qui se retrouvent au fond du fossé ! À la charge de ces seniors de transmettre les valeurs de l’entreprise, d’en expliquer l’historique, de faire briller ses atouts… Le junior y sera sensible et restera… peut-être !

Explosion imminente entre collaborateurs

Votre manager, débordé et nomade, vous a chargé de désamorcer un conflit intergérationnel. Il compte fermement sur vous pour que cela ne s’aggrave pas et que l’harmonie et l’efficacité de l’équipe soient retrouvées. Magnifique challenge mais délicat voire dangereux. Il est temps de coiffer votre casquette de médiateur(trice)/conciliateur(trice)/négociateur(trice) et si vous suivez ces 20 préconisations je gage que vous réussirez :

  1. Partez du principe que ce genre de conflit est normal voire sain. Il a toujours existé et existera toujours.
  2. Adoptez la citation de Jacques Bainville “Les générations sont solidaires à travers le temps et à travers les sottises”. Elle vous permettra de ménager les susceptibilités car… tous ont raison !
  3. Réunissez les salariés concernés dans un endroit neutre. Une salle de réunion fera l’affaire. Votre bureau est trop estampillé et ils doivent se sentir en confiance.
  4. Débrouillez vous pour adopter une parfaite neutralité de placement dans la salle. Vous asseoir à côté d’un protagoniste exclut immédiatement l’autre.
  5. Exposer clairement la raison de cet échange. Rester factuel(le) et n’émettez aucun avis.
  6. Donner la parole à chacun des membres, l’un après l’autre, pour qu’ils expriment leur point de vue.
  7. Rappelez aux collaborateurs que chacun est différent. Leurs vécus et leurs expériences peuvent mener à une interprétation différente d’une même situation. “Chaque génération se croit plus intelligente que la précédente et plus sage que la suivante” Georges Orwell.
  8. Définissez avec eux l’origine du conflit. Dans la majorité des cas il part de broutilles sans intérêt mais ces broutilles peuvent s’avérer, au fil du temps, dévastatrices pour le bon équilibre de l’équipe !
  9. Ecoutez attentivement et notez tout. Chaque mot est important. Si le jeune reproche la psychorigidité organisationnelle et si le senior insiste sur le respect total des procédures ne montez pas sur vos grand chevaux. Demandez-leur d’expliquer ce qu’ils vivent. Notez toutes leurs remarques et bâtissez un argumentaire entendable et acceptable pour eux. La phrase “C’est la procédure et on doit la respecter ne convaincra jamais un junior pas plus que “On peut peut-être réviser et alléger les procédures” pour le senior ! C’est à cet instant que vous devrez faire preuve de créativité et de diplomatie car “Le genre humain, qui devrait avoir six mille ans de sagesse, retombe en enfance à chaque nouvelle génération” Tristan Bernard.
  10. Elaborez un tableau à deux colonnes : avantages et inconvénients pour chaque partie concernée.
  11. Positionnez-vous de manière impartiale, pour éviter de remettre en cause l’une ou l’autre des parties. Soyez clair(e) et transparent(e) pour stopper les sous-entendus et faire remonter les ravageurs non-dits.
  12. Instaurez un climat d’écoute. Si vous savez en jouer quelques traits d’humour peuvent débloquer la situation. “Le fossé des générations existe, pas tellement parce que nous voulons qu’il en soit ainsi mais parce que nous savons rarement le combler Germaine Desjardins-Versailles.
  13. Pensez à faire régner la bienveillance et le respect tout au long des échanges.
  14. Dédramatisez “Si je devais faire un cadeau à la génération suivante, je lui apprendrais à ne pas se prendre au sérieux” Charles Monroe Schulz.
  15. Synthétisez vos notes et proposez une solution commune et sur-mesure dans laquelle chacun(e) se sentira concerné(e), écouté(e) et satisfait(e). Pensez à adapter la solution à la nature du problème.
  16. Quelque temps après la rencontre, assurez-vous que la situation conflictuelle a disparu et que l’équilibre est de retour au sein de l’équipe.
  17. Rendez compte à votre manager. Un retour factuel et sans critique lui conviendra mieux qu’un long monologue. Le retour idéal : “Tout va bien. Le conflit est résolu” !
  18. Organisez des team building, des séminaires, des moments de convivialité. Se retrouver pour fêter un anniversaire, un mariage, un succès… offre l’opportunité de créer un lien unique entre les salariés qui se découvrent dans un cadre informel.
  19. Envisager un système de mentorat réciproque à travers lequel le senior et le junior pourront partager et s’enrichir mutuellement. Excellent moyen de valorisation qui souligne l’expérience du senior et met en valeur les idées novatrices du junior.
  20. Au fil des jours parlez, échangez, dialoguez, expliquez, communiquez… Il n’y a rien de mieux pour éviter les conflits !

“La terre est mère de tout ce qui est animé, le lien des générations passées, présentes et à venir” Proverbe africain. L’avenir est imprévisible aussi suis-je convaincue que le fossé des générations est nécessaire. C’est une étape qui permet aux jeunes de prendre de la distance à l’égard des adultes et de se mettre en position d’affronter plus tard les problèmes du monde. Ils sauront inventer les moyens car ils portent en eux une créativité qui les rend capables de répondre au défi de l’avenir. Encore faut-il que nous ayons la patience de leur apprendre à réfléchir et à penser par eux-mêmes pour ne pas se laisser manipuler ! J’ai confiance.

J’espère que ce billet vous aura apporté matière à réflexion et vous aura procuré quelques pistes pour éviter et/ou résoudre les conflits. Pour conclure j’aborde le sujet familial. En effet Une civilisation se construit par l’apport successif de générations prenant appui l’une sur l’autre comme les pierres d’un édifice André Frossard. Quoi de plus agréable que de se retrouver pour un anniversaire, un mariage, un Noël ? Comme cela fait chaud au cœur et à l’âme d’être entouré(e) des siens lors d’un décès. Dans les deux cas la famille, au grand complet, se rassemble et parle d’une même voix. Toutes les générations sont présentes et le bloc familial devient indestructible. C’est la même chose dans le monde du travail. Nous avons tous besoin les uns des autres pour exister, avancer, nous épanouir et être heureux(ses) tout simplement.

Au fait :

« Il n’existe pas de conflits de génération, il n’y a que de l’intolérance ».

Renée Garneau

Tout est dit !

Josette Dubost
Membre fondateur, expert métier FFMAS